26 mars 2019

Apport de l’OCT-angiographie

Apport de l’OCT-angiographie dans le diagnostic des pathologies vasculaires rétiniennes et choroïdiennes

Dr Benjamin Wolff, Vivien Vasseur, Dr Laurent Castelnovo, Dr Guillaume Michel, Dr Martine Mauget-Faÿsse

 

Introduction

L’OCT-angiographie (OCT-A) est une nouvelle technique d’imagerie qui consiste à visualiser les vaisseaux rétiniens et choroïdiens à partir d’une diode super luminescente (type SLD) sans avoir recours à une injection de colorant.

 

Les apports de L’OCT-angiographie

Quelques notions sont importantes pour comprendre cette nouvelle imagerie qui est basée sur l’ »interférométrie speckel » et qui utilise le principe dit de la « décorrélation ».
Cette technique utilise l’effet d’un objet, avec des rugosités, éclairé par un laser.
Dans l’OCT-angiographie, ce sont les globules sanguins de la rétine et la choroïde qui sont éclairés par le laser. De multiples rayons sont réfléchis dans toutes les directions avec de nombreuses interférences.
Ce signal contient beaucoup d’informations sur les caractéristiques de l’objet éclairé dont on va pouvoir extraire :

  • un signal d’autocorrélation qui compare le signal avec lui-même à des moments différents pour déceler la moindre modification. Les motifs identiques sont mis en évidence ;
  • un signal de décorrélation qui recherche les motifs différents à deux temps différents. Cela correspond à un changement à l’intérieur d’un vaisseau c’est-à-dire un écoulement.

Le signal de décorrélation sera théoriquement d’autant plus fort (“réflectif”) que le flux  vasculaire est important. L’OCT-angiographie est une technique d’imagerie dérivée de l’OCT “en face” (qui permet d’analyser les tissus dans le plan frontal). Les structures vasculaires seront donc  analysées plan par plan, à l’instar de l’angiographie classique qui superpose l’ensemble des fluorescences du fond d’œil. L’OCT-angiographie permet ainsi de visualiser les structures vasculaires rétiniennes et choroïdiennes en conditions  physiologiques et pathologiques.

 

Les lits vasculaires rétiniens et choroïdiens

Le réseau vasculaire rétinien s’organise essentiellement en 3 plans, reliés entre eux :

  • Les vaisseaux rétiniens superficiels.
  • Le lit capillaire rétinien intermédiaire (mal décelable en OCT-angiographie).
  • Le lit capillaire rétinien profond.

Au niveau choroïdien, les vaisseaux se répartissent également sur 3 principaux niveaux bien visualisés en OCT-angiographie :

  • La choriocapillaire.
  • La couche des moyens vaisseaux de Sattler souvent difficile à individualiser en situation physiologique.
  • La couche des gros vaisseaux de Haller.

 

Les néovaisseaux choroïdiens

Les néovaisseaux choroïdiens correspondent à des structures vasculaires se développant  dans des zones supposées avasculaires. Ils ont donc en commun d’apparaître fortement hyperrefléctifs lorsqu’ils sont actifs (présence d’un flux intravasculaire) et contrastent avec
le tissu avoisinant moins réflectif (peu de flux vasculaire).
L’OCT-angiographie permet la détection de différents  types de néovaisseaux choroïdiens :

  • Néovaisseaux pré-épithéliaux (Fig. 3) : ces derniers apparaissent fortement hyperréflectifs en avant de l’épithélium pigmentaire. Les limites des néovaisseaux et l’arborisation vasculaire sont bien identifiées.
  • Néovaisseaux sous-épithéliaux (Fig. 4) : ils sont retrouvés en arrière de l’épithélium pigmentaire.
  • Vasculopathie polypoïdale (Fig. 5) : les lésions polypoïdales et le réseau vasculaire nourricier (vascular network) sont parfaitement individualisés.
  • Néovaisseaux du myope fort (Fig.  6) : ces derniers sont particulièrement bien visualisés sur l’OCT-angiographie. Cet examen pourrait supplanter l’angiographie à la fluorescéine et devenir le gold standard pour le monitoring de cette maladie.

 

Les anomalies vasculaires rétiniennes

L’OCT-angiographie montrera dans ces cas des lésions vasculaires anormales au sein d’un tissu déjà vascularisé.

  • Dans la maculopathie diabétique (Fig. 7  et  8) : les microanévrysmes sont identifiés dans le plan des capillaires rétiniens superficiels. Les anomalies de perfusion de la
    macula sont également bien visua-lisées en cas de maculopathie ischémique, particulièrement dans le réseau profond.
  • Dans les occlusions veineuses rétiniennes (Fig. 9) : la raréfaction du lit capillaire maculaire est facilement objectivable dans le territoire occlus en cas d’occlusion
    de branche veineuse.
  • Dans la maladie de Coat’s (Fig. 10) : l’OCT-angiographie permet de localiser les ectasies vasculaires responsables de l’exsudation. Ces dernières sont situées superficiellement et se développent aux dépens des capillaires rétiniens.

 

Les limites actuelles de l’OCT-angiographie

L’OCT-angiographie a suscité un véritable engouement dans la communauté des ophtalmologistes et constituera sans doute un nouveau challenge technique et sémiologique dans les années à venir.
L’OCT-angiographie nous permet d’obtenir des images parfois difficiles à interpréter et la confrontation avec les méthodes d’imagerie classique (OCT, angiographie à la fluorescéine et en ICG) reste indispensable.
Par ailleurs, les appareils actuels ne permettent pas d’étudier la rétine au-delà des 30° centraux ce qui élimine de facto son utilisation pour les pathologies périphériques.

 

Conclusion

Avancée technologique majeure, l’OCT-angiographie génère rapidement des images, de manière non invasive, en haute résolution, comparables et même meilleures que celles obtenues en angiographie conventionnelle.
Elle peut être utilisée dans l’étude des maladies rétiniennes et choroïdiennes.
Actuellement, son utilisation est limitée au pôle postérieur c’est-à-dire dans le domaine des pathologies maculaires.
Les progrès techniques rapides devraient permettre une amélioration de cette imagerie très prometteuse.

 


Extrait du journal : Pratiques en Ophtalmologie • Fevrier-Mars 2015 • vol. 9 • numéro 80